22 Octobre 2009

Déclic pour recycler les déchets grâce à l’eau

Installé début septembre dans la Station spatiale internationale, le mini-laboratoire Déclic du CNES devrait être mis en route vendredi 23 octobre. Les scientifiques vont pouvoir étudier la matière sous toutes ses formes, notamment l’état supercritique de l’eau.

22 octobre 2009

De l’eau pour décaféiner…

« Après une semaine de tests, les scientifiques vont piloter les expériences de Déclic en direct depuis le CADMOS (1) à Toulouse, explique Bernard Zappoli, responsable du programme de sciences de la matière au CNES.

Ils conduiront en alternance des expériences sur la solidification des matériaux (DSI) et sur l’eau supercritique (HTI), un solvant puissant et un milieu réactif très intéressant. »

L’eau supercritique, de l’eau soumise à haute pression et haute température (220 bars et 375°C), peut en effet dissoudre et « brûler » efficacement un grand nombre de substances.

Et ce, sans émettre de polluant! Les seuls produits rejetés étant de l’oxygène et du dioxyde de carbone.

Les secrets de Déclic

Le mini-laboratoire scientifique de l'ISS pourrait bien nous permettre un jour de traiter nos déchets sur Terre de façon totalement écologique. Crédits : CNES.

Déclic a été installé dans le laboratoire japonais Kibo de l'ISS. Crédits : NASA.
Déclic a été installé dans le laboratoire japonais Kibo de l'ISS. Crédits : NASA.

« L’eau supercritique est actuellement utilisée dans l’industrie pour dissoudre la caféine et ainsi décaféiner le café, mentionne Bernard Zapolli.

Des chercheurs l’utilisent également dans des réacteurs modèles pour brûler des déchets. Au CEA (2), par exemple, ils font appel à l’eau supercritique pour recycler des déchets radioactifs. »

Seulement voilà, personne n’a jamais pu observer l’eau supercritique en action, interagir avec le café ou les déchets notamment.

La raison? Sur Terre, la gravité agite la matière et empêche de voir réellement ce qui se passe. C’est donc à 400 km au dessus de nos têtes, en micropesanteur, que les scientifiques ont décidé de récidiver.

… et brûler les déchets écologiquement

« Avec Déclic, nous allons analyser toutes les propriétés physico-chimique de l’eau supercritique, ses capacités à transporter la chaleur par exemple. Et au printemps 2010, on étudiera la dissolution du sel dans ce milieu, précise Bernard Zappoli. A terme, on souhaite bien sûr observer la combustion de différentes substances dans l’eau supercritique. »

Ces nouvelles connaissances devraient ainsi permettre d’améliorer les processus industriels et le recyclage des déchets faisant appel à l’eau supercritique.

Et, pourquoi pas, lui permettre de remplacer l’incinération industrielle qui rejette des polluants comme la toxine et ne permet pas de traiter les déchets toxiques.

L’étude de la solidification des matériaux en micropesanteur peut elle aussi avoir des retombées intéressantes pour les industriels de l’automobile ou de l’aéronautique.

« Les expériences de Déclic vont permettre de déterminer les conditions de solidification idéales pour obtenir des matériaux métalliques homogènes et solides, des données utiles pour le moulage de carters (3) de moteur ou d’aubes (4) de réacteur », illustre Bernard Zappoli.

L’expérience doit être mise en route dans l’ISS ce vendredi par l’astronaute américaine Nicole Scott.

 

 


(1) Centre d'Aide au Développement des activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales.
(2) Commissariat à l’Energie Atomique.
(3) Boîtier pour les moteurs, les boîtes de vitesse…
(4) Pales de réacteur.

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