23 Juin 2008

Collisions de satellites : le CNES récompensé

C’est un ingénieur du CNES à Toulouse, François Laporte, qui a reçu le prix de la meilleure communication du Space Ops 2008, le 16 mai. Sa présentation portait sur la gestion des risques de collision pour les satellites du CNES en orbite basse.
23 juin 2008

Mieux évaluer les risques

En raison du nombre croissant de débris spatiaux, la possibilité d’une collision entre un débris et un satellite est devenu un enjeu majeur. Le fait que l’article de François Laporte, co-écrit avec Eloy Sasot d’ATOS-ORIGIN, ait été primé illustre bien la prise de conscience par la communauté du besoin de prendre en compte ces risques.

Le prix décerné le 16 mai à Heidelberg par le Space Ops, importante manifestation internationale ayant lieu tous les 2 ans, récompense un contenu technique exceptionnel avec un impact important dans le domaine des opérations spatiales.
La principale source de données dont dispose actuellement l’Europe est le système du gouvernement américain Space Track, qui fournit 2 lignes d’informations sur 12 000 objets. Précises à quelques centaines de mètres seulement, elles ne sont pas suffisantes pour évaluer les risques de collision. Dans ce contexte, le CNES a défini et mis en place depuis un an une procédure pour mieux maîtriser ces données.

Le principe est de comparer les coordonnées extrapolées à partir des données connues des jours précédents, et celles réellement observées le lendemain, ce qui permet d’évaluer l’incertitude sur l’orbite du débris, explique François Laporte. Lorsqu’un risque éventuel de collision est identifié, un radar au sol est mobilisé afin d’évaluer la position du débris avec une meilleure précision. Cela permet de déterminer s’il est nécessaire de procéder à une manœuvre d’évitement.»

Manœuvres d’évitements

« Cette méthode est simple dans son principe mais efficace ! Je pense que ce sont mes études généralistes qui m’ont donné le goût de la simplicité et la volonté de mettre en œuvre des systèmes rapidement opérationnels », confie-t-il. Ce diplômé de l’école Centrale Paris entre en septembre 1986, sitôt son DEA d’informatique en poche, à la division Mécanique Spatiale du CNES, à Toulouse.

En 1994, il participe à la conception du Centre d’Orbitographie Opérationnel (COO) avant d’en prendre la responsabilité en 1998.
Ce centre, principalement chargé de la désignation des stations mais aussi des opérations liées à la surveillance de l’espace, a acquis une reconnaissance internationale dans la gestion des risques de collisions et des rentrées atmosphériques.

La gestion des débris spatiaux en vidéo. Crédit : CNES.

Après 10 ans d’essais et de mise en place, le CNES est passé à une gestion opérationnelle à partir de juillet 2007 pour 14 satellites. En juin 2007, une manœuvre d’évitement a peut-être permis de sauver un satellite d’observation de la Terre. « Peut-être seulement, car on ne peut pas être sûr que la collision aurait eu lieu ! », souligne l’ingénieur.

Beaucoup de chemin reste à parcourir pour fiabiliser cette gestion dans le cadre d’une coopération mondiale. « Il ne s’agira pas d’éviter toutes les collisions, mais seulement celles qui étaient prévisibles », insiste-t-il. Le Cnes est membre de l'IADC, l’organisme international visant à lutter contre la pollution spatiale, depuis 1996.

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