23 Mai 2008

Jason-2 : le fils dépasse le père

Pour Jason-2, le défi principal consiste à prendre la relève de Jason-1 et assurer la continuité des données. Mais le dernier-né de la filière s'est vu confier d'autres missions et embarque de nouveaux passagers. Tour d'horizon des "petits plus" de Jason-2...

De nouvelles zones d’exploration

Jason-1 n’effectue que peu de mesures sur les zones côtières et sur les bassins hydrologiques, car dans ces régions, les variations rapides d’altitude sont importantes et rendent l’écho radar particulièrement difficile à capter par l’altimètre.
Jacqueline Perbos, chef de projet Jason-2 au CNES, souligne que cette lacune est essentielle à combler : « ce sont les zones où se concentre une grande partie de la population ».

Les fleuves, mers fermées, lacs, peuvent également être observés par altimétrie à condition que la technique soit optimisée aux traitements sur les terres émergées. Source : Aviso
C’est une des tâches du nouveau satellite, qui fournira d’avantage de données sur les côtes et les bassins hydrologiques, « comme les grands cours d’eau suffisamment larges pour être détectés, le fleuve Amazone, par exemple. » Elles seront utiles pour la pêche côtière, les plateformes pétrolières ou encore l’aménagement du territoire etc.

Zones, pour les satellites Jason-1 et Topex/Poséidon, pour lesquelles les mesures radiométriques sont éliminées (en rouge) et sont conservées (en vert) par les processus standards de traitement. La Mer Egée, en particulier, est complètement ignorée. Source : Aviso



A l’origine de ce progrès, il y a le couplage entre 2 instruments. Doris, le système de positionnement, informe l’altimètre Poséidon-3 de l’altitude du satellite. Poséidon 3 quant à lui contient, enregistrée dans son calculateur, l’altitude des zones survolées. Avec ces données, il est possible de calculer la position de retour de l’écho que l’altimètre n’aura donc plus à localiser. Le signal sera ainsi enregistré en continu, même au niveau des côtes et des eaux continentales.

Des missions spécifiques

Autre "bonus" de Jason-2 par rapport à son prédécesseur : il embarque 3 passagers, des instruments scientifiques développés en partie par le CNES, et dont la mission est tout autre.
Carmen 2 et LPT * mesurent les flux d’électrons, d’ions et de protons présents dans l’environnement du satellite. « L’orbite de Jason est très peu utilisée. Or elle est traversée par de nombreux flux de radiations agressifs pour les composants électroniques », explique Jacqueline Perbos.

T2L2 sert pour sa part des objectifs en physique fondamentale. Passager technologique de Jason-2, il effectue la synchronisation d’horloges au moyen d'un signal laser daté par une horloge terrestre et par une autre embarquée par le satellite.
L'antenne Doris. Crédits : CNES/Thalès Alenia Space/Y. Obrenovitch
L'antenne Doris. Crédits : CNES/Thalès Alenia Space/Y. Obrenovitch
« Ces 3 instruments ne sont pas directement liés à la mission principale », rappelle Jacqueline Perbos. Cependant, ils fourniront des informations utiles pour l’horloge embarquée de Doris : « Elle était sensible aux radiations sur Jason-1. Nous avons pris des précautions mais si cela doit se reproduire, Carmen et LPT nous renseigneront sur la quantité de radiations reçue. Quant à T2L2, il aidera à l’évaluation de ses performances » explique-t-elle.



L'actualité de la campagne. J - 23
Les préparatifs du lancement prévu le 15 juin se poursuivent avec succès. Le 19 mai, les réservoirs du satellite ont été remplis d’hydrazine et pressurisés. Le montage sur l’adaptateur qui assurera l’interface entre le lanceur et le satellite afin de le protéger des vibrations lors du lancement est prévu pour le 27 mai. Le satellite devrait migrer vers son pas de tir le 2 juin.

* LPT : Light Particles Telescope

Voir aussi

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