27 Décembre 2006

Corot fin prêt à entamer son programme d’observations scientifiques

Après l’ouverture de son cache protecteur et l’obtention de sa première image il y a 2 semaines, Corot vient de passer avec succès en mode de pointage fin, dernière étape cruciale avant la production de ses premières données scientifiques.
Mardi 30 janvier, les données d’attitude calculées par l’instrument ont été pour la première fois utilisées afin de piloter très précisément la plateforme du satellite et d’assurer la parfaite stabilité de sa ligne de visée. Le résultat a dépassé toutes les espérances, puisque la ligne de visée s’est avérée stable à 0,3 secondes d’arc près, plus de 1,6 fois mieux que les 0,5 secondes d’arc initialement prévues.

Les performances optiques de la voie sismologie s'avèrent excellentes. Lors des acquisitions d'images réalisées pour l'étalonner, Corot a détecté son premier objet parasite : un débris d'une fusée Delta 1 lancée en 1984, et qui a laissé sur le CCD une petite trainée très facilement identifiable au milieu du fond d'étoiles. Le mouvement du parasite dans l'image est en tout point conforme aux données de trajectoire calculées par la NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord).


Puis dans la nuit du 31 janvier au 1er février, Corot a acquis ses premières images sur la voie exoplanètes. C’est peu dire qu’elles étaient très attendues par les nombreux spécialistes de la recherche de ces lointaines planètes réunis au CNES cette nuit-là. Les scientifiques examinent actuellement ces images sous tous les angles, afin de préparer au mieux les observations futures. Le programme d’observations scientifiques va ainsi pouvoir démarrer comme prévu dans les prochaines 48 heures.

Retour sur la première lumière

« Première lumière ». Cette expression qui pourrait passer pour poétique est en réalité une étape technique essentielle dans la vie de tout télescope, qu’il soit terrestre ou spatial. La qualité des premières données recueillies permet en effet de juger de la performance globale de l’instrument, fruit d’une délicate alchimie entre le détecteur, l’optique et sa monture.

Aussi on comprend pourquoi ce mercredi 17 janvier 2007, une atmosphère très particulière régnait dans la salle de contrôle principal, mélange de tension et d’enthousiasme. « C’était presque aussi fort que pour le lancement » confirme Laurent Boisnard, responsable système de Corot.
« L’image a été prise à la périphérie du champ de vision de Corot, dans une direction où on s’attendait à obtenir le plus de lumière parasite diffusée par la Terre. La performance d’atténuation du baffle s’est avérée excellente, avec une infime quantité de lumière parasite au plan focal » se réjouit le responsable système.
Ces résultats devront être confirmés en avril, lorsque le Soleil se trouvera à proximité du plan orbital.

Fin des étapes critiques

L’ouverture du cache protecteur et l’obtention de la première image ont été les dernières étapes critiques du projet Corot, et tout le matériel est désormais vérifié. « On peut encore éventuellement rencontrer des erreurs de logiciel » nuance le responsable système, « mais c’est par définition un domaine où tout est reprogrammable. Nous avons donc à présent la certitude que tout marche bien à bord du satellite ».

Ouverture du cache protecteur. Crédits : CNES .

Pour autant, les responsables de la mission restent sur leurs gardes. Ainsi, dans la nuit du 20 au 21 janvier, Martine Jouret, la responsable satellite et Eric Jurado, l’ingénieur « bord », ont été tirés de leur sommeil à 1 h du matin. Ils ont vite compris d’où venait le problème : le GPS de Corot avait simplement envoyé un signal de changement de semaine, qu’un logiciel au sol avait mal interprété. Osons une extrapolation : dans un monde aussi bien huilé que celui où semble évoluer Corot depuis son lancement, le temps qui passe serait sans doute la dernière anomalie à corriger…