28 Septembre 2006

Les épidémies vues de l’espace

Paludisme, fièvre de la dengue, fièvre de la vallée du rift, West Nile virus, Chikungunya…autant de maladies transmises par des vecteurs difficiles à contrôler : les moustiques. Que faire face à ces insectes capables de disséminer des virus sur des régions entières ? Face aux solutions agressives, les alternatives se developpent et utilisent de plus en plus l’outil spatial. Abattre du bétail ou démoustiquer une région entière représentent des opérations couteuses aux effets parfois néfastes. Des solutions moins radicales font leur preuve, notamment la surveillance en temps quasi-réel et la prévention en utilisant les systèmes d’alertes précoces.
27 novembre 2006

Surveiller les zones à risque…

Depuis quelques années, les épidémiologistes surveillent d’une manière indirecte les épidémies depuis l'espace. Les images satellites apportent des données qui ne concernent pas directement le virus responsable, mais plutôt l’environnement du vecteur porteur (c.a.d. données géographiques, météorologiques, hydrologiques…) et notamment les lieux où sa dissémination et la diffusion des épidémies sont favorisées.
L’imagerie satellitaire Spot-5 à haute résolution spatiale (2.5 à 10 m) apporte une contribution essentielle aux projets de télé épidémiologie. Ces projets sont commandités par le service Valorisation et Applications du CNES dirigé par le Docteur Antonio Güell.

Le GIP Médias-France*, filiale du CNES, facilite la multidisciplinarité indispensable à ce type d’études. Un bon exemple d’application est le projet concernant la fièvre de la Vallée du Rift. Son objectif principal : cartographier les zones où les moustiques de la fièvre de la Vallée du Rift (Aedes vexans arabiensis et Culex poicilipes) prolifèrent de manière importante.

L'étude se concentre sur la région du Ferlo, au nord-est du Sénégal, où l'abondance des moustiques vecteurs du virus de cette maladie est liée à la présence et la dynamique de mares temporaires, alimentées par les orages pendant la mousson d’été. Ces mares sont à la fois un lieu de ponte pour les espèces concernées et vecteurs du virus, et un lieu de dissémination où se rencontrent ces insectes, le bétail, hôte potentiel de la maladie, et les bergers.

…grâce aux satellites

Les mares ont un comportement complexe. Elles s'assèchent entre mi-octobre et juin et se remplissent et s'étendent pendant la saison des pluies. Certaines sont isolées et d'autres sont groupées en amas de plusieurs mares de tailles différentes.
Face à la dynamique à la fois spatiale et temporelle de ces zones humides couvertes de mares, les techniques spatiales présentent plusieurs avantages. Il est possible de programmer SPOT-5 de manière à ce que des images de la même zone soit prises régulièrement. Un satellite peut donc suivre l'évolution spatio-temporelle de ces mares.
A partir de mesures in situ de la densité et du rayon d’action de ces moustiques, il est possible de cartographier les zones potentiellement occupées par ceux-ci**. Ces cartes de risque peuvent alors être transmises aux services impliqués dans les systèmes d’alerte, de démoustication et d’aménagement de l’espace agropastoral.


* Groupement d’intérêt public réunissant le CNES, l’IRD, Météo France, l’Université Paul Sabatier à Toulouse, CLS, Spot-Image et le CNRS.

** J. P. Lacaux, Y. M. Tourre, C. Vignolles, J. A. Ndione, M. Lafaye, 2006: Classification of Ponds from High Spatial Resolution Remote Sensing : Application to Rift Valley Fever Epidemics in Senegal. Remote Sensing Of Environment. Elsevier Pub. doi:10.1016.rse.2006.07.12.

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