28 Septembre 2006

Virtis perce le plafond nuageux de Vénus.

L'instrument Virtis de la sonde Venus Express vient de soulever un coin de l'épais voile atmosphérique qui masque continuellement l'étoile du Berger.

Ce faisant, il a révélé de nouveaux détails sur le fonctionnement de l'atmosphère vénusienne.

Alors que les sommets des plus hauts nuages de Vénus culminent à 65 km d'altitude, les nouvelles images infrarouges de Virtis révèlent les caractéristiques de nuages situés à des altitudes de l'ordre de 55 km. En observant le déplacement de ces nuages d'une image sur l'autre, les scientifiques déduisent la vitesse des vents, qui atteint couramment les 360 km/h mais varie fortement de l'équateur aux pôles.
« C'est cette différence de vitesse qui donne aux nuages leur forme en spirale » précise Pierre Drossart, responsable scientifique de Virtis, tandis que leur allongement trahit les hautes vitesses auxquelles ils sont soumis.

Nuages ondulés

Ce qui frappe particulièrement les chercheurs, c’est la complexité de ces systèmes nuageux. « On observe des structures périodiques dues à des ondes atmosphériques de moyenne échelle, des sortes de vagues qui sur Terre se forment par exemple lorsque le vent passe au-dessus d’une montagne, et qui se répercutent au niveau des nuages. Mais dans le cas de Vénus, l’activité est plus probablement liée à des phénomènes de convection qu’au relief. »
Si des ondes atmosphériques peuvent affecter la forme des nuages sur Vénus comme sur Terre, la comparaison s’arrête là : « les nuages au-dessus de nos têtes sont le fruit de la condensation de vapeur d’eau, alors que les nuages de Vénus sont constitués de gouttelettes d’acide sulfurique ».

Une mission au long cours

Virtis, dont la fabrication a été en bonne partie financée par le CNES, est un instrument précieux pour ce type d’observation : « Les fenêtres infrarouges dans lesquelles Virtis observe l’atmosphère de Vénus peuvent également être sondées avec les très grands télescopes terrestres. Mais l’orbite polaire de Venus Express permet d’obtenir une vision globale de ce qui se passe dans l’atmosphère de la planète, alors que les télescopes terrestres observent essentiellement à l’équateur. Et comme nous sommes bien plus proches de Vénus, la résolution spatiale des images de Virtis est incomparablement supérieure. »
Si ces résultats sont prometteurs, ils ne constituent cependant qu’une première étape. « Venus Express est une mission au long cours au terme de laquelle nous voudrions comprendre la dynamique de l’atmosphère selon les saisons. Aujourd’hui, au bout de 6 mois, nous disposons déjà de 50 GO de données, mais il nous faudra encore une bonne année d’observations pour obtenir une vision globale de l’atmosphère vénusienne »
23 octobre 2006

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